L'actu du labo

Soutenance de thèse de Colette Casimir

4 juillet 2025
10h

Cnam 292, rue Saint-Martin, 75003 Paris
Salle : 21.2.28


Soutenance de thèse pour l'obtention d'un doctorat en Sciences humaines et humanités nouvelles - spécialité Formation des adultes

Au coeur du travail émotionnel des femmes confrontées à l'impact multidimensionnel du cancer et de ses traitements sur leur vie intime et sexuelle 

sous la direction de Madame Catherine TOURETTE-TURGIS & Monsieur Alain TOLEDANO

Jury

  • Mme Catherine TOURETTE-TURGIS, Professeure, Cnam : Directrice
  • Mme Martine JANNER-RAIMONDI, Professeure, Université Sorbonne Paris-Nord : Rapporteure
  • M. Philippe DELMAS, Professeur, Institut et Haute école de la santé, La Source Lausanne : Rapporteur
  • M. Alain TOLEDANO, Professeur, Cnam : Co-Directeur
  • Mme Sylvie DOLBEAULT, Professeure, Institut Curie : Examinatrice
  • M. Eric HAMRAOUI, Professeur, Cnam : Examinateur

Résumé de thèse

Cette recherche doctorale à visée compréhensive interroge les reconfigurations de la vie intime et sexuelle des femmes ayant vécu le cancer, à travers l'analyse du "travail émotionnel" qu'elles mobilisent pour faire face aux transformations physiques et psychiques induites par la maladie et ses traitements. S'inscrivant dans une approche compréhensive, cette recherche repose sur 17 entretiens conduits de juin 2022 à octobre 2023. Mobilisant dans l'analyse des matériaux recueillis sur le concept de "travail émotionnel" tel que défini par Arlie Hochschild (2003, 2017 [1983]), à savoir l'acte par lequel on essaie de changer le degré ou la qualité d'une émotion ou d'un sentiment", la thèse met en lumière une forme spécifique de ce travail : intime, auto-dirigée et située au croisement de la maladie, de la féminité et de la vie affective. Il s'agit d'un processus d'ajustement émotionnel et identitaire qui, loin d'être prescrit par des normes professionnelles comme dans les cadres étudiés par Hochschild, s'impose dans l'espace privé et corporel des femmes malades. Ce "travail émotionnel" s'apparente à un véritable "jeu en profondeur", impliquant une mobilisation active de soi pour maintenir un lien affectif et sexuel viable, malgré les atteintes du corps et la vulnérabilité émotionnelle. Il se donne à voir comme une stratégie de survie subjective, rejoignant l'idée d'un ensemble d'activités "au service du maintien de soi en vie" (Tourette-Turgis, HDR, 2013). Les résultats de notre recherche révèlent que les femmes rencontrent des injonctions contradictoires à la "normalité émotionnelle" dans leurs rapports à elles-mêmes et aux autres. Certaines élaborent des formes alternatives d'intimité, parfois non pénétratives, en rupture avec les normes hétéronormatives valorisant la pénétration vaginale comme unique modalité de la sexualité. Par cette approche, la thèse contribue à enrichir la compréhension du "travail émotionnel" dans des contextes de vulnérabilité somatique, et propose une lecture renouvelée des dynamiques de sexualité et d'affectivité à l'épreuve de la maladie grave.    

Mots-clés : Cancer, sexualité, travail émotionnel, règles des sentiments, travail des malades, vécu subjectif de la maladie