Thématique 1 : Professionnalisation, Langage et Numérique


Les champs investis

Les recherches menées dans le cadre de la thématique 1 se situent à l’interface du triptyque « Professionnalisation, Langage et Numérique ». Elles visent d’une part à mieux comprendre la nature des interactions qui se jouent entre ces trois variables. Elles nourrissent d’autre part la réflexion autour des places et des rôles que le langage et le numérique peuvent occuper dans les processus de (pré)professionnalisation et la formation professionnelle.

Enjeux épistémologiques 

Dans ce triptyque, le terme de « professionnalisation » renvoie aux processus de transformation des formations déployés pour œuvrer à la fabrication des professionnels (Wittorski, 2008). Depuis quarante ans, on assiste en effet à une multiplication des injonctions politiques et patronales pour réformer les cursus : approche par compétences, implication accrue des professionnels, apprentissage en situation de travail (stages, alternance), parcours doctoraux, etc. Pour autant, l’efficacité de ces pratiques est questionnée face à l’évolution rapide des emplois et des trajectoires professionnelles. Cette situation soulève des interrogations sur les savoirs à transmettre comme sur les méthodes à privilégier pour assurer une professionnalisation durable et autonome.

Parallèlement à cela, le pôle « langage » du triptyque concerne les capacités liées au savoir « lire-écrire-parler-communiquer » (Filliettaz, 2022 : 266). Ces dernières peuvent conduire à mettre en jeu une variété de modes sémiotiques (Kress, 2019), de langues, de pratiques ou de registres langagiers. En tant que telles, elles appellent à interroger trois angles d’étude prioritaires : les compétences langagières en tant que (i) enjeux de formation, (ii) moyen de formation et (iii) modalités méthodologiques de production / analyse de données.

Le pôle « numérique » enfin, est à la fois envisagé en tant qu’enjeu (apprendre à utiliser des outils numériques pour le travail) et moyen (se former via des outils numériques) de formation.

Aux confins de ces trois pôles se dégagent deux objectifs génériques de recherche dont les membres de la Thématique 1 entendent s’emparer. 

Objectifs de recherche


1. Les pratiques langagières à l'oeuvre en contexte (numérique) de travail 

Depuis les travaux fondateurs du réseau Langage et Travail, de nombreuses recherches ont permis de caractériser les pratiques langagières dans une diversité de situations (Borzeix & Fraenkel, 2001 ; Boutet, 2001). Les questionnements restent cependant nombreux en ce qui concerne les dispositifs didactiques permettant de favoriser le développement de compétences langagières et communicationnelles en lien avec divers types de pratiques et de situations professionnelles. 

Dans ce contexte, une première piste de recherche concerne l’étude du développement des compétences langagières en anglais chez des adultes professionnels engagés dans la formation tout au long de la vie, ce bagage étant de plus en plus essentiel pour eux sur le marché du travail mondialisé d’aujourd’hui (The Douglas Fir Group, 2016 ; OCDE, 2019). 

Un autre axe d’étude porte sur la caractérisation des dimensions multimodales de la communication dans les dispositifs numériques de travail : ceux qui intègrent des dimensions informelles (le “wild”) en particulier.

Une piste complémentaire a trait aux compétences requises pour collaborer à distance dans des équipes plurilingues et pluriculturelles de travail car pouvoir mobiliser un répertoire plurilingue en contexte numérique est loin d’aller de soi. Cette situation soulève donc des besoins de formation qu’il s’agit de cerner et satisfaire auprès des professionnels.
Un autre centre d’intérêt touche à l’analyse de discours professionnels spécialisés à des fins d’enseignement : pour identifier les caractéristiques de ces discours et élaborer en retour des dispositifs de formation susceptibles de les promouvoir auprès des apprenants.
Enfin, une partie des recherches se focalise sur l’analyse des processus de négociation de sens / coopération à l’œuvre dans les situations professionnelles où se déploient des pratiques interactionnelles relevant de la « communication managériale ». Ces questionnements visent à appréhender les pratiques langagières des personnels encadrants, à cartographier les compétences de communication auxquelles elles font appel et à déterminer à quelles conditions elles pourraient être intégrées dans des dispositifs de formation dédiés, en vue de les promouvoir. 

2. Le langage comme moyen de formation dans les dispositifs faisant appel ou non au numérique 

Cette orientation envisage le langage comme une ressource à mobiliser pour réaliser certaines activités de formation. 
Un premier axe porte ainsi sur le langage (oral, écrit) en tant qu’instrument privilégié de médiation de l’expérience vécue (Merhan, 2011) : dans les situations professionnalisantes en particulier. Dans cette optique, des retours d’expérience collectés auprès d’apprentis pourront faire l’objet d’une attention particulière.

D’autres questionnements viseront à approfondir les pratiques d’enseignement-apprentissage à l’œuvre dans des espaces « intermédiaires » de formation, c’est-à-dire situés à l’interface entre mondes académique et professionnel. Il sera alors plus particulièrement question de se concentrer sur la communication multimodale, l’usage des supports écrits (fiches TP, documentation technique) et les apports / limites liés au recours à la littératie hybride (combinant registres scolaires et professionnels) dans les fermes et ateliers technologiques des lycées agricoles.

Le langage joue enfin un rôle central dans la recherche, que ce soit pour produire des données (questionnaires, entretiens, observations, focus groups, récits, vidéos, etc.) ou les analyser (analyse thématique, de contenu, de discours, etc.). Cette diversité méthodologique interroge la place du chercheur, tant sur le plan de l’aide apportée pour mettre en mots les vécus dont les données rendent compte que sur celui des médiations proposées pour y parvenir.

Programme 2024-2025

  •         Coordination d’un numéro à paraître fin 2025 / début 2026 dans la revue Phronesis
  •         France compétences sur l’alternance
  •         Conférence prononcée en modalité bimodale par Matthieu Petit (Université de Sherbrooke). Titre de l’intervention et date (avril 2025) à confirmer
  •         Participation au comité d’organisation de la biennale internationale de l’éducation, de la formation et des pratiques professionnelles intitulée « Faire expériences » et qui aura lieu les 22, 23, 24 avril 2026 au Cnam (St Martin).
  •         Co-organisation d’une journée d’étude en lien avec la question du frottement des métiers dans le cadre du projet HERCULE 4.0 "Ateliers du faire"
  •         Projet Erasmus+ « In-4-STEM » sur l’intégration et le bien-être des élèves ingénieurs (depuis janvier 2025)
  •         Co-organisation du colloque QPES
  •         Co-organisation de la rencontre 2025 du réseau GELS
  •         Coordination d’un numéro sur l’anglais de spécialité et le numérique à paraître en novembre 2025 dans la revue ASp

Année 2023-2024

Année 2022-2023

Année 2021-2022

Année 2020-2021

Année 2019-2020

Année 2018-2019